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Vendredi 18 au jeudi 24 janvier 2019 - Séjour à Névache (Hautes-Alpes)

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Ce sont neuf joyeux randonneurs qui se sont retrouvés à la gare d'Austerlitz, sac au dos et valise à la main, pour prendre le train de nuit en direction de Briançon. Arrivés à destination, ils seront rejoints par les deux autres membres de l'équipe avant de prendre la route vers Névache et l'hôtel "l'Echaillon".

Samedi 19 janvier

Après une nuit de train conforme aux attentes (on n’a pas trop bien dormi mais on s’est sentis tout de suite en vacances) et dès notre arrivée à l’hôtel, nous nous sommes mis en tenue et avons chaussé nos raquettes. A la gare de Briançon, nous avions fait connaissance de Luc, notre guide. Sympathique et doté d’un bon sens de l’humour, il connait bien la région, la géologie, la zoologie, (et beaucoup d’autres choses). Il nous a entraînés vers un champ de neige (datant du 19 décembre 2018, car il n’a pas neigé depuis) pour nous apprendre à monter, à descendre et... à nous retourner, car le 1er commandement du raquetteur c’est bien qu’« avec des raquettes jamais tu ne reculeras » (sous peine de chute assurée). Nous avons ensuite longé la Clarée, affluent de la Durance, avant de monter vers l’Arras. En chemin, nous avons observé des traces de lièvre et Luc nous a fait une démonstration, très réaliste, du mode de locomotion de cet animal qui ne marche pas mais bondit, pattes arrière en avant ! Nous avons choisi un endroit ensoleillé et sec pour manger notre pique-nique (très bon) avant de monter dans une belle forêt de pins, d’épicéas et de mélèzes. Pour redescendre, nous avons longé une piste de ski de fond, ce qui nous a permis d’admirer l’élégance de la technique de skating du club de la vallée. Nous sommes rentrés ravis de cette première journée comme de retrouver la chaleur et le confort de l’hôtel. Après une bonne douche, un, voire deux apéros et un excellent dîner, certains sont allés se coucher, d’autres ont continué à discuter et les plus courageux se sont réunis pour rédiger le présent compte-rendu !

Dimanche 20 janvier

Grosse rando prévue aujourd’hui : le Fond du Vallon. Dès 9 heures, équipés des dispositifs de sauvetage en cas d’avalanche (DVA, pelles et sondes à neige), nous rejoignons, en voiture, le cœur du village, là où se trouvent l'église, l'office de tourisme et la mairie. Cette mairie est la plus petite de France (une porte et une fenêtre) mais la commune, la 10ème en surface. Compte tenu de l’état du plancher des vaches (de Névache !), très verglacé, nous chaussons des crampons. Nous commençons notre ascension par un petit sentier caillouteux, et de moins en moins enneigé, qui longe le bondissant torrent du Vallon. Nous enlevons donc nos crampons ! Heureusement, au détour d’un virage, de grands champs de neige, étincelant sous le soleil nous permettent de chausser nos raquettes, que jusque-là nous portions sur nos sacs à dos, nous donnant des allures d’anges en goguette ! Notre première étape, la chapelle du Vallon. La montée est rude mais nous tenons le coup. Il est un peu tôt pour déjeuner et il y a du vent, alors nous décidons de faire encore un effort pour atteindre le chalet d’estive « au bon air ». Nous nous y installons confortablement au soleil avec une vue imprenable sur les pics environnants. Pour la suite, Luc nous laisse le choix entre aller au col du Vallon ou au col de la Colette. Nous choisissons la deuxième option parce que c’est un peu moins loin et moins élevé...de 50m.  Et là les choses sérieuses commencent. Luc attaque la pente à un rythme qui lui semble raisonnable mais qui se révèle pour nous très sportif ; la file indienne s’étire... Arrivés au lac noir, blanc de neige, des exercices de nivologie statistique permettent de déterminer que la couche de neige mesure en moyenne 1mètre30. Nous avons atteint l’altitude de 2400m, à la vitesse de 200 à l’heure (mètres de dénivelé, bien sûr). C’est déjà une prouesse ! Il nous semble donc raisonnable de redescendre. Sage décision car la descente qui a commencé agréablement dans la poudreuse ne se révèle plus si facile lorsque les chemins deviennent verglacés et caillouteux. Quelques glissades et des jambes flageolantes mais à part cela une vraie fierté d’avoir réalisé un véritable exploit ! Diaporama

Lundi 21 janvier

Aujourd’hui randonnée « cool ». Départ à 9 heures 30. Faute de neige en quantité suffisante pour les raquettes, nous chaussons les crampons. Nous pénétrons dans la forêt domaniale de la Clarée. Pour répondre à nos interrogations, Luc sort son cahier et ses crayons et dessine des schémas expliquant l’origine des formations géologiques récentes et notamment des « demoiselles coiffées » (qui en l’occurrence sont « décoiffées » car elles ont perdu le bloc rocheux qui leur servait de chapeau) et des dépôts morainiques fluvio-glaciaires. Arrivés sur le plateau, le paysage devient grandiose. Devant nous, un immense champ de neige immaculée ! Nous pouvons enfin chausser les raquettes pour nous diriger vers le col des Thures. Nous nous arrêtons pour déjeuner devant une bergerie, unique bâtiment à l’horizon. Excellent pique-nique terminé par une p’tite goutte de Génépi. Certains croient voir des chamois, un autre, un skieur immobile… peut-être en train de téléphoner, à moins que ce ne soit un sapin… sur ses skis... Au col des Thures, nous découvrons la vallée Etroite et les sommets alentours : les 3 Rois Mages (Gaspard, Melchior et Balthazar), le mont Thabor et le lac des Thures. Luc nous explique que la vallée Etroite a été annexée par la France en 1947 (Vae Victis !). Nous essayons de distinguer la chapelle, construite au sommet du mont Thabor et qui fait l’objet de pèlerinages très prisés par les Italiens, 4 fois par an. Il faudrait prévoir 3 jours de marche et 2 nuits en refuge pour nous y rendre… Avant de redescendre, nous prenons le temps de mesurer l’épaisseur de neige : 60cm seulement. La descente, sur une autre rive, débute agréablement mais devient plus délicate au fur et à mesure que la neige se raréfie et se transforme en plaques de glace. Plusieurs chutes sans gravité, quelques ampoules mais à l’arrivée, une équipe ravie de sa journée. Nous avons quand même gravi 600 mètres de dénivelé et marché pendant 6 heures ! Diaporama 

Mardi 22 janvier

Aujourd’hui nous partons à nouveau du centre-ville de Névache pour aller explorer la vallée de la Clarée. Nous franchissons un premier verrou glaciaire. La chute d’eau qu’il occasionne a permis à la commune de construire une petite centrale hydroélectrique qui lui rapporte des royalties. Nous grimpons, équipés de nos crampons, à travers une forêt de mélèzes, typiques de la région parce qu’ils supportent les grands froids et ont besoin de lumière. Le sentier est bien marqué, voire cabossé, car il a été récemment emprunté par des coureurs à pied (fous ?). Sur le plateau, les chalets sont en bois de mélèze, jusque sur la toiture. Seuls les soubassements sont parfois en pierre. L’équipe étant en jambes, nous décidons d’attaquer la pente vers le refuge du Chardonnet. Comme l’heure passe, nous nous arrêtons à l’abri d’un chalet, sur des bancs rudimentaires (des planches…de mélèze), pour pique-niquer. Nous sommes sur l’ubac et il fait froid ; nous ne nous attardons pas. Nous chaussons nos raquettes pour l’ultime montée. Nous ne tardons pas à voir le refuge au-dessus de nous. Dommage il est fermé, nous ne pourrons pas faire la connaissance de Nico et de son chien ni gouter sa bière. Au-dessus de nous le pic Ombière. Luc nous raconte l’histoire (incroyable mais vraie) de ce nom. Les employés municipaux de Névache, chargés de construire le refuge, se réconfortaient en buvant du « Picon-Bière » et ils ont réussi à convaincre l’IGN (où travaillait le père de Nico) de donner ce nom à la montagne. Le soleil commence à décliner ; il est temps de redescendre. Nous plongeons, avec plus ou moins d’aisance, dans la combe du Chardonnet. Nous avons donc bien besoin d’une petite rasade de génépi pour retrouver la Clarée et sa vallée et rejoindre Névache. Encore une magnifique randonnée, agréable mais exigeante. Nous avons gravi 630 mètres de dénivelé et marché près de 7 heures. Nous sommes décidément de très bons marcheurs ! Luc nous l’a confirmé. Diaporama

Mercredi 23 janvier

C’est notre dernière journée à Névache. Il nous a fallu boucler les valises et libérer nos chambres avant de partir en randonnée. Mais nous sommes tous à l’heure au rendez-vous pour rejoindre le col de l’Echelle. Nous empruntons la route, équipés de nos crampons. L’enneigement est faible voire nul mais nous restons vigilants car les plaques de glace (très glissantes) sont nombreuses. Heureusement nous pouvons rapidement pénétrer dans la forêt et marcher dans la neige. Nous atteignons le col de l’Echelle qui se révèle être un vaste rectangle de 2km de long sur 200m de large. La neige y est abondante et l’espace aménagé comme une vaste aire de pique-nique. Luc nous confirme que l’été les Turinois aiment venir y passer leurs dimanches. Au loin l’imposante Aiguille Rouge (Guglia Rossa, en Italien). Nous pénétrons dans une petite cabane, ancien poste de douane ; la porte est ouverte. A l’intérieur, des vêtements, des chaussures, que la population locale a déposés là pour les migrants qui pourraient passer par là (mais qui sont, paraît-il, de moins en moins nombreux). Nous poursuivons notre route jusqu’au belvédère qui domine Bardonecchia, la ville frontière italienne. Au retour nous nous arrêtons en lisière de forêt pour déjeuner. Il fait froid, le ciel se couvre, Luc nous propose de ramasser du bois pour faire du feu. Chacun s’y emploie et bientôt le feu crépite agréablement. Nous repartons sous une petite neige fine mais relativement drue. La descente sur la route se révèle plus périlleuse que la montée mais nous arrivons tous indemnes à l’hôtel. C’est le moment d’abandonner crampons, raquettes, bâtons, DVA, sondes et pelles à neige. Nous nous retrouvons pour boire un dernier pot avec notre guide. C’est la fin du séjour, un séjour dont nous garderons tous un excellent souvenir. Certains se verraient bien revenir en été pour faire l’ascension du mont Thabor jusqu’à cette chapelle que nous avons tenté d’apercevoir à la jumelle ! Diaporama